La région viticole du Priorat est située à 100 km au sud de Barcelone, sur le territoire de 11 communes de la région catalane de Tarragone. Y accéder n’est pas si simple, même aujourd’hui, malgré l’existence de routes. Alors, pourquoi s’y rendre ? Il y a plusieurs raisons, et j’ai même du mal à déterminer laquelle est la plus importante.
Le Priorat offre un magnifique paysage naturel de montagne à couper le souffle. Sur les pentes des montagnes et collines de schiste quartzeux s’étendent des vignobles qui, semble-t-il, poussent miraculeusement sur un sol d’origine volcanique, la licorelle. Les vignobles alternent avec des oliveraies et des chênes, des pinèdes, des amandiers, des villages pittoresques et des petites villes anciennes. Le Priorat est une terre chargée d’histoire et de traditions. Les amateurs de gastronomie spirituelle y trouveront leur compte.
Aujourd’hui, la viticulture est un symbole de cette région, mais il y a 20 ou 30 ans, le nom du Priorat, petite région viticole de Catalogne, évoquait peu de choses, même pour les amateurs les plus exigeants. Aujourd’hui, les vins rouges du Priorat sont considérés comme parmi les meilleurs au monde ! Mais c’est une autre histoire : l’enthousiasme et le professionnalisme de quelques personnes ont donné un nouveau souffle à cette région et ont donné naissance à des vins exceptionnels.
Vinification
Le Français René Barbier, qui travaillait dans la Rioja avec Alvaro Palacios, aimait se rendre dans le pittoresque et très isolé Priorat, contemplant les vignobles de montagne à moitié oubliés. Il comprit que cette combinaison unique de schistes quartzeux fins de Licorella, le climat de la haute vallée aux étés très chauds et aux hivers froids, et la présence de vignes centenaires (!) de grenache et de carignan, pouvaient donner des résultats intéressants. Ce sol retient parfaitement la chaleur et reflète la lumière du soleil, et confère aux vins des notes minérales particulières. En 1979, pour une somme modique, il acquit le domaine abandonné, aujourd’hui mondialement connu, Clos Mogador. Rien d’étonnant à cela, car les vins produits ici à l’époque étaient vendus au verre et consommés principalement par les locaux. La seule route pour y accéder était le village de Gratallops, où, dit-on, il n’y avait qu’un seul tracteur et un seul téléphone.
René Barbier, et bientôt Alvaro Palacios qui rejoignit son initiative, se concentrèrent sur la production de vins préservant et transmettant le terroir unique du Priorat, c’est-à-dire les conditions pédoclimatiques particulières des terres où poussent les raisins. Une observation intéressante : plus le sol est pauvre, plus les chances d’obtenir des vins aux caractéristiques exclusives sont élevées. Les cépages Grenache et Carignan étaient idéaux pour cet objectif, car ils se comportent de manière totalement différente selon les conditions. Ils ne possèdent pas d’individualité clairement exprimée, mais expriment parfaitement les caractéristiques spécifiques de leur lieu de culture, en l’occurrence la palette exquise de notes minérales propres aux roches volcaniques. En Espagne, de tels vins n’existaient pas auparavant, contrairement aux célèbres vins de terroir de France et d’Italie.
À la fin des années 80, des producteurs de renommée mondiale tels qu’Alvaro Palacios, Carles Pastrana et Dafné Glorian se sont installés dans le Priorat. Ils y ont importé des cépages français, travaillé sur des assemblages et appliqué diverses méthodes de vinification modernes. Dès 1992, dans un numéro spécial consacré à l’Exposition universelle de Séville, le vin Clos Magador de René Barbier a été reconnu comme le meilleur d’Espagne !
Alvaro Palacios fonda son vignoble et, en 1993, le premier vin, L’Ermita, devint immédiatement culte et reçut 100 points de Robert Parker ! À une vitesse vertigineuse, les vins du Priorat se classèrent parmi les vins les plus exquis et les plus chers du monde !
Vin
Le bon vin se boit pour le plaisir, et en cela, il s’accorde avec l’art, et notamment la musique. Ce n’est pas un hasard si de nombreux créateurs, notamment des célébrités, acquièrent leurs propres vignobles et se lancent dans le processus créatif, difficile mais passionnant, de la production de leurs propres vins. Les célèbres chanteurs et compositeurs catalans contemporains Manuel Serrat et Lluis Llach ont choisi le Priorat pour produire leurs vins, qui sont, il faut le dire, magnifiques.
Le caractère exceptionnel des vins locaux a été confirmé par l’attribution au Priorat de la plus haute appellation d’origine contrôlée (DOQ) en 2001 (jusqu’alors seule la Rioja possédait ce statut).
Au cours de notre excursion, nous visiterons l’une des caves du Priorat, après avoir convenu d’un rendez-vous, visiterons le monastère de l’Escala Dei et déjeunerons dans l’un des restaurants locaux, réputés pour leur riche sélection de plats locaux et, bien sûr, pour leur vaste sélection de vins du Priorat.
Monastères
Le nom « Prieuré » vient du latin « Prior », qui signifie abbé du monastère. Le monastère de la Cartoixa d’Escaladei (cat. Scala Dei) – l’Échelle de Dieu – fut le premier monastère chartreux de la péninsule Ibérique. Il fut fondé au XIIe siècle après l’expulsion des Maures des terres catalanes du sud. Des moines ermites du monastère de la Chartreuse, en Provence française, s’y installèrent à l’invitation du roi d’Aragon Alphonse II. Comme chacun sait, les moines chartreux font vœu de silence et se consacrent entièrement au service de Dieu. La contemplation de la beauté de la nature environnante leur procure une grande joie ; c’est pourquoi les chartreux ont construit leurs monastères dans des lieux d’une beauté naturelle exceptionnelle, isolés et paisibles. On peut visiter le monastère de la Scala Dei, partiellement restauré en 2007, l’un des sites historiques les plus importants de Catalogne, entouré par la majestueuse chaîne de montagnes du Montsant. On dit que la viticulture du Priorat trouve son origine dans ce monastère. Au Moyen Âge, la production des meilleurs vins était étroitement liée aux ordres monastiques.
Il serait également très intéressant de visiter l’ancien village de Siurana, situé à 530 m d’altitude, sur un énorme rocher, d’où l’on a une vue magnifique sur les vignobles, les falaises des montagnes des massifs de Prades et du Montsant.
Les ruines d’une forteresse maure, dernier avant-poste musulman aux frontières sud de la Catalogne au Moyen Âge, ont été préservées sur la falaise. En 1154, la forteresse fut prise par le comte de Barcelone, Ramon Béranger IV. L’empreinte d’un fer à cheval au bord de la falaise rappelle la légende selon laquelle la princesse maure Abdelaziz, refusant d’être capturée, sella son cheval, lui ferma les yeux et se jeta du haut de la falaise dans l’abîme. Au XIIe siècle, une église romane fut construite dans le village, parfaitement conservée à ce jour. La population locale officielle est de 21 habitants, et Siurana dispose également d’un hôtel 4 étoiles. Siurana séduit par son calme et sa tranquillité, l’absence de tourisme de masse et les magnifiques paysages qui s’offrent à ses yeux. Siurana a également donné son nom à une zone de production d’huile d’olive certifiée.
Durée de l’excursion
La durée d’un tel programme, au départ de Barcelone, est d’environ 14 heures. L’idéal serait de passer deux jours dans le Priorat et de dormir dans un hôtel de petites villes. Bien entendu, la durée et le contenu du programme dépendront de vos souhaits et je pourrai les adapter.